Biographie de Léonard
Avertissement :
DOCUMENT DE TRAVAIL A RELIRE
VINCI
Il était une fois en Italie un jeune homme qui s'éprit de la servante de sa famille. Il avait 25 ans, il était notaire et s'appelait Piero. Il vivait et travaillait chez son père, notaire comme lui, dans la bourgade de Vinci, en Toscane. La servante avait 20 ans et s'appelait Catarina. Elle habitait une masure d’Anchiano, un hameau près de Vinci.
Enfant naturel, Leonardo naquit par une froide nuit d'avril 1452 chez Catarina, exactement le 15 avril à 3 h du matin.
Mais en janvier 1453, Ser Piero – qui avait pris son fils chez lui – se maria avec Albiera, 16 ans, la fille d’un notable de Florence, un fabricant de chaussures, riche. Elle n'aimait pas le petit garçon qui, heureusement, reçut beaucoup d'affection de son grand père octogénaire.
Des demi-frères naquirent au foyer, avec qui Leonardo ne s'entendait pas. Il ne parlait guère et grâce à son grand-père, toujours il conjugua observation et réflexion. Il garda ce trait de caractère toute sa vie.
Po l’occhio ! (ouvre l’oeil !) était l’une de ses maximes et il la mettait en pratique.
FLORENCE
Quand l’enfant eût grandi, Ser Piero, qui était fier des dessins de son fils, les montra à maître Andrea del Verrocchio, de Florence, qui les admira et le prit chez lui comme apprenti. Sa
bottega était à la fois un bureau d’études et un atelier de peinture et de sculpture. L'adolescent était beau gosse.
Chez Verrocchio, Leonardo rencontra Domenico Ghirlandaio, de 3 ans son aîné, de Florence-ville, et Sandro Botticelli, plus âgé car né, lui, en 1444. Il se lia d'amitié avec ce dernier. On était en 1469.
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Donc, c’est à l'âge de 16 ou 17 ans que Leonardo est entré comme apprenti chez Verrocchio, mais les auteurs ne sont pas tous du même avis, qui disent les uns : 17 ans, d’autres : 14 ans, et d’autres encore : 12 ans !)
Doué pour les mathématiques, Leonardo se vit confier la mission de parachever la cathédrale de Florence. Il recalcula toutes les machines de levage et c’est ainsi que furent hissées sur le dôme la boule et la croix d'or qui le couronnent.
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photo : National Geographic)
En peinture, il fit un jour pour une œuvre collective de l’atelier (un baptême du Christ) un ange tellement beau qu’à partir de ce jour Verrocchio cessa de peindre, estimant que l’élève avait dépassé le maître. Leonardo fut admis à l’unanimité à la guilde des artistes de Florence, la Compagnie de saint Luc. C'était le 21 juin 1472 ; il avait 20 ans.
Et si cet ange, ce serait un autoportrait ???
Le Vinci était un grand gaillard et il était très fort : il était capable de tordre un fer à cheval à deux mains. Il était élégant, toujours bien habillé, souvent de rose, surtout quand il résida à Milan.
Quant à savoir si, tant qu’il était à Florence, il est resté chez maître Verrocchio ou s’il a quitté son bureau d'études pour un autre ou pour s’installer à son compte, les biographies de Leonardo da Vinci ne sont pas d'accord entre elles. Quoi qu’il en soit, l'histoire a gardé trace de deux commandes passées à lui directement. Puis il est parti pour Milan.
Leonardo s’intéressait aussi à la musique et jouait fort bien de la lyre ou du luth. Il inventa un luth à tête de cheval – ou construisit une lyre dans un tête de cheval –, le crâne de l’animal formant caisse de résonance. Laurent le Magnifique, un Médicis, chef, disons patrice, de la république de Florence, entendit parler de cet instrument de musique, convoqua son inventeur et lui demanda d’aller l'offrir à Ludovic Sforza, de fait duc de Milan. (L'ambitieux Ludovic, fils du
condottiere Francesco Sforza, ne s’était pas encore paré du titre de duc, lequel titre ne lui fut reconnu qu’ultérieurement). La recommandation de Laurent ne dispensa pas Léonard d’écrire à son futur employeur une lettre de motivation. On peut la lire à l’entrée du Clos-Lucé, où elle est affichée, ainsi que dans un petit livre édité là-bas au 1er semestre 2006 et qui s’intitule
Pensées de Léonard de Vinci. Dans cette lettre, Leonardo se présente comme ingénieur militaire.
La décision de Lorenzo de Medici était un geste politique : envoyer à son dangereux voisin Ludovico Sforza un ingénieur de valeur, n’était-ce pas là un signe de paix et de volonté de bonne entente, mais un gage de puissance, aussi ?
En 1482, Léonard quitta Florence pour Milan. C'était l'année de ses 30 ans.
MILAN
A Milan, tout en faisant son travail d'architecte et d'ingénieur, Leonardo continuait de prendre des notes sur quantités de choses, de faire des croquis, d’imaginer toutes sortes de machines.
Le duc le chargea d’organiser ses fêtes, il devint son homme de confiance et sur 10 ou 15 ans de temps fit deux portraits de sa maîtresse, Cécilia Gallerani, dame à l'hermine et belle Ferronnière.
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De 1496 à 1498, il travailla à une fresque du réfectoire des dominicains de Milan, qui représente la Cène (le dernier repas du Christ). Dans la chapelle du château d’Ecouen, on peut en voir une copie du XVI° siècle.
Depuis son arrivée à Milan, il avait en tête le projet d’une statue équestre de Francesco et à la gloire de la famille Sforza. De 8 mètres de haut. Le cheval en bronze aurait pesé 8 tonnes et aurait été coulé d'une seule pièce ! En 1493 Leonardo fit une maquette de 5 mètres de haut, de la statue du cheval. Mais le métal promis par Ludovic ne vint pas car celui-ci préféra en faire faire des canons. En effet, en 1494, les armées du roi de France Charles VIII, ayant passé par Florence et par Rome, étaient allées prendre Naples. Il fallait pouvoir faire face à toute attaque.
Or, le 7 avril 1498, Charles VIII meurt. D’un accident survenu à Amboise. Il avait 27 ans, pas encore 28 (il était né en juin 1470). C’est son cousin Louis, de Blois, qui lui succède sous le nom de Louis XII. La grand’mère de celui-ci est milanaise : c’est Valentine Visconti. Louis veut reprendre aux Sforza le château des Visconti (une ancienne histoire de famille et politique). Aussi, le 18 juillet 1499, les Français envahissent le Milanais ; en août, ils assiègent Milan et Louis XII y entre triomphalement le 14 septembre.
Ludovic Sforza s’enfuit en Autriche puis contre-attaque. Il reprend Milan aux Français en janvier 1500 mais en avril à Novare, les Français le font prisonnier. L’infortuné Ludovic mourra à Loches en mai 1508.
Le guide vert Michelin
Pays de la Loire dit que Ludovic est mort de joie le jour de sa libération, d'avoir retrouvé la lumière, le soleil, le grand air et les petits oiseaux mais hormis les années qui avaient passé, je ne vois pas pour quelle raison Louis XII l’aurait libéré. En réalité, en 1508, malade, il était assigné à résidence et prisonnier sur parole.
(Lire ici le
récit de son arrestation et de sa détention au martelet (une tour voisine du donjon). Voir le plan de la
forteresse et savoir que le tombeau d’Agnès Sorel, dans l’église St-Ours, et le logis royal bâti par Charles V et agrandi par Louis XII sont ailleurs dans la
cité royale de Loches).
Milan tombé, son cheval détruit, sans emploi car sans employeur, Leonardo décide de s'en retourner à Florence. Il vend toutes ses affaires et quitte Milan autour de la Noël 1499.
VILLES D'ITALIE
Leonardo rentre à Florence via Mantoue et Venise. A Mantoue, il fait un dessin d'Isabelle d'Este - la belle-soeur de Ludovic Sforza (qui était marié à Béatrice d'Este) [et plus tard belle-soeur de César Borgia, son frère Alphonse d'Este ayant épousé Lucrèce Borgia, la soeur de César]. Isabelle aimerait que Léonard fasse son portrait. Il ne le fera jamais.
[source : http://mini-site.louvre.fr/mantegna/acc/xmlfr/section_8_1.html]
Il est à Venise en mars 1500. Le doge emploierait bien ses compétences en hydraulique pour renforcer les défenses de la ville mais le sénat de la Sérénissime en décide autrement. Employer Leonardo, ce serait trop cher sans doute. On lui dira qu'on ne saurait lui trouver un travail à hauteur de ses capacités.
En avril 1500, Léonard est de retour à Florence, après 18 ans de stabilité quant à son métier et à son logis. Commence alors pour lui, mais il ne le sait pas encore, une période de 19 ans d’instabilité.
Verrocchio est mort, jeune pourtant (à 52 ans) chez qui Léonard passé 13 ans, mais le Vinci est bien accueilli : il est enfant du pays et son séjour à Milan l’a auréolé de prestige auprès du tout Florence. Il retrouve Le Pérugin, un autre de ses amis de la
bottega.
En 1501, Léonard peint la Sainte Anne et entre au service de César Borgia, comme ingénieur militaire, à Rome.
En 1503 (année de la mort du pape Alexandre VI, de son successeur Pie III, un mois plus tard, et année de l’avènement du pape Jules II), juste avant que César Borgia soit emprisonné par Jules II et transféré en Espagne (1504), Leonardo revient à Florence et commence à peindre la Joconde, mais Mona Lisa et son mari n’auront jamais le tableau qu’ils ont commandé car Léonard le gardera avec lui.
En 1506, Charles d’Amboise, gouverneur de Milan, l’appelle et Leonardo repart pour Milan, sans doute avec plaisir car comme Florence c’était une ville littéraire & marchande et Milan une ville scientifique & technologique, Leonardo se plaisait mieux à Milan.
Charles d’Amboise engage Leonardo au service de Louis XII mais les Français sont chassés d’Italie. Leonardo quitte Milan et s’en retourne de nouveau à Rome. On est en septembre 1513.
Au cours des années 1508/1512, au Vatican, Michel-Ange, que Leonardo n'aimait pas, peignait le plafond de la chapelle Sixtine.
En 1513, Léonard est au service du pape Léon X (l'un des trois fils de Laurent de Médicis) qui est bienveillant à son égard.
Raphaël aussi travaillait dans la cité papale et celui-ci prit le Florentin pour modèle du personnage de Platon qui est au centre de sa fresque intitulée L’école d’Athènes.
Dans les caves du Vatican, Leonardo dissèque 30 cadavres. Il prend des notes et fait sienne la foi chrétienne.
AMBOISE
En 1514, Louis XII, roi de France, meurt et le 1er janvier 1515, son cousin François d’Angoulême lui succède sous le nom de François Ier.
Fin 1515 (ou en mars 1516 ?), le jeune roi, victorieux des Suisses près de Milan (bataille de Marignan, des 13 & 14 septembre 1515) invite le génie italien à venir s’installer à Amboise. Il lui offre le manoir de Cloux (aujourd’hui le Clos-Lucé), résidence de sa belle-mère Anne de Bretagne.
Ce château avait été acheté par Charles VIII au serviteur de Louis XI qui l’avait fait construire, un cuisinier promu, du fait de sa sagesse, lieutenant et conseiller du roi, et maître de sa forêt d’Orléans.
C’est Anne de Beaujeu, née Anne de France, fille de Louis XI, qui avait préparé et négocié le mariage (qui fut célébré à Langeais) d’Anne de Bretagne avec le futur Charles VIII, son petit frère. Elle réunit ainsi le duché de Bretagne et le royaume de France, et ce, durablement.
Devenue veuve en 1498, Anne de Bretagne s'était remariée avec Louis XII, successeur de Charles VIII. Ils avaient pour fille Claude de France, née à Romorantin. Celle-ci, à l’âge de 14 ans, en 1514, épousa François qui ne l’aimait guère, mais tous deux se résignèrent à cette nécessité politique. (Elle était d’octobre 1499 et lui de septembre 1494).
Claude, honnête et fidèle, lui donna 7 enfants. Elle en mourut de fatigue en juillet 1524, toute jeune. François accomplissait son devoir conjugal contre son gré car sa femme était bancale et pas jolie, et lui, volage cherchait ailleurs les plaisirs de l’amour.
C’est à
Amboise que François Ier jouait, enfant. Le roi se plaisait avec Leonardo. Il l’appelait mon père. Que voulait-il ? L’avoir près de lui. Avoir le plaisir de sa conversation quotidienne. C’est pourquoi il lui offrit le château de Cloux et une pension de 700 écus d’or par an.
Léonard accepta la proposition de François Ier et en 1516 passa les Alpes en emmenant avec lui 3 tableaux de sa main, le saint Jean-Baptiste, la sainte Anne et la Joconde. Son fils adoptif, Giacomo, le petit diable, le
salaï, un garnement recueilli dans la rue, un petit voleur, un Milanais qui avait tourné la tête de toutes les Florentines, avait décidé de rester en Italie. Mais Francesco Melzi, à la fis secrétaire et ami de Leonardo l'accompagna.
A Amboise, à Romorantin, Leonardo poursuivit ses recherches sur le vol des oiseaux (eh oui : faire voler l'homme a été la préoccupation de toute sa vie).
Il organisa des fêtes pour le roi François Ier comme il avait fait à Milan pour le duc Sforza. En mai 1518, le roi lui passa commande d’une commémoration de sa victoire de Marignan. Il en écrivit le scénario et la mise en scène. Cette œuvre sera créée à Romorantin les 24 et 25 juillet 2015. Cf.
http://www.marignan2015.com, et jouée au manoir de Cloux, devenu le
Clos-Lucé les 26 et 27 juillet 2015.
En juin 1518, il illumina son manoir avec tellement de torches que la nuit était comme le plein jour et, chorégraphe, offrit au nec plus ultra de la cour un ballet sur le thème de la course des planètes parmi les signes du zodiaque. Puis l’astre pâlit et, atteint d’une légère paralysie de la main droite, qui ne devait pas trop le gêner puisqu’il était gaucher, Léonard s’éteint dans sa chambre à l’âge de 67 ans, le 2 mai 1519.
Il léguait un beau manteau à sa servante Mathurine, ce qui était un très beau cadeau car les étoffes et les vêtements étaient très, très chers à l’époque, et à nous des pages et des pages de notes et de croquis et quelques fort belles toiles, parmi les peintures à l'huile les plus célèbres du monde et qui sont conservées au Louvre. Grâce au mécénat d’IBM, le Clos-Lucé abrite des maquettes qui concrétisent les plus fameux de ses croquis de machines. Le Clos-Lucé, propriété de la famille Saint-Bris, a l'ambition de devenir le centre européen de référence pour l'information relative à Léonard de Vinci.
Tout l'oeuvre peint et dessiné est publié chez
Taschen.
En 2006, les Presses de la Renaissance ont publié un petit livre de
Gonzague Saint-Bris, illustré par Philippe Lorin, aujourd’hui épuisé chez l’éditeur : sur les pas de Léonard de Vinci, qui est une petite biographie du grand homme, aujourd’hui enterré sous une dalle de la chapelle saint-Hubert, celle du château royal d’
Amboise.
Ici, on pourra voir une vidéo d’1 minute ½, d’une prestation de nuit, à Ecouen (en 2005 ?), d'Eric et Geneviève, acrobates, alors partenaires de l’association Autour de Leonardo :
Saltazio.
Très bientôt viendra l’année 2019, celle de la commémoration des 500 ans de la mort de Léonard. Depuis ce temps et depuis bien avant, comme le disait déjà Qohélet, le soleil luit pareillement sur les bons et sur les méchants et poursuit sa course inexorablement. Mais aussi, comme Léonard l’avait remarqué : « chaque matin la feuille s'abreuve de rosée, juste ce qu'il faut pour la journée ».